L’astronomie à La Réunion aux XVIIIe et XIXe siècles : des méthodes au service d’ambitions individuelles

Bouchet, Serge

Mémoire de Master 2 : Histoire : La Réunion

2022

193 p.

L’histoire de l’astronomie réunionnaise est un puzzle de thématiques diverses et variées, à la fois connectées et déconnectées entre elles. Les récits de voyage la font débuter au XVIIe siècle, temps des premiers découvreurs et colonisateurs européens. Occupée définitivement à partir de 1663, l’île Bourbon devient au début du XVIIIe siècle une étape de haute importance pour les navires sur la route menant aux Indes. Les positions géographiques du territoire sont globalement connues à cette époque, mais au sein de l’Académie royale des sciences certains académiciens cherchent à apporter des coordonnées nettement plus précises tout en affichant leurs propres ambitions. Les sciences de la cartographie et de l’astronomie étant très liées à cette époque, les savants sont à pied d’œuvre aussi bien dans leurs cabinets que sur le terrain en usant de différentes méthodes. En parallèle de toutes les activités portant sur la détermination exacte des longitude et latitude de la colonie bourbonnaise, deux observateurs autodidactes et résidents à long terme de l’île, les de Lanux, sont lancés dans une vaste chasse aux comètes et à la poursuite d’une certaine renommée. Au cours de la première moitié du XIXe siècle, le regard scientifique porté sur les corps célestes et porteur d’ambitions fortes est mis en retrait. En effet, l’observation des astres devient superstitieuse à travers la population noire servile, beaucoup plus intime à travers la figure de Lescouble, un colon de l’île Bourbon, et contemplative chez les voyageurs de passage. Si dès les années 1860 les journaux de la presse locale apportent leurs contributions à la thématique de l’astronomie, c’est surtout les membres illustres de la Société des sciences et des arts de l’île de La Réunion, fondée en 1855, qui parviennent à redonner un souffle à l’activité observationnelle scientifique des corps célestes en multipliant les études, les observations de terrain et les conférences. L’un de ces sociétaires, Édouard Dubuisson, réussit à se démarquer des autres, aussi bien à l’intérieur de la colonie qu’à l’extérieur, en proposant un nombre significatif de travaux sur le sujet pour devenir sans conteste la figure de l’astronomie à la fin du XIXe siècle à La Réunion.