Du fil à la patte à la clef des champs : la relation de l'homme à l'espèce colombine en Dauphiné puis en Isère, de la fin du XVIe au début du XXe siècle

Contributeur

Belmont, Alain

Éditeur

Master 1 : Histoire : Grenoble

Date de création

2015

Format

2 vol. (186, 66 p.)

Résumé

L'anthropozoologie autorise un traitement diachronique de l'Histoire. Celle relative à la relation de l'homme à l'espèce colombine en Dauphiné puis en Isère, de la fin du XVIe siècle au début du XXe siècle, loin de la survoler, s'étire entre une histoire naturelle, une histoire rurale et industrielle, une histoire politique et militaire, sans négliger une histoire sociale et culturelle, voire sensible.La possession de pigeons a longtemps été un objet de fierté, un symbole de pouvoir. L'homme y a consacré un bâti exceptionnel qui a préfiguré les édifices agro-industriels contemporains et les a parés des plus beaux atours, ne reculant pas devant un certain luxe comme le montrent les colombiers du XVIe siècle qui se dressent encore de nos jours en nord-Isère. Les manuels agricoles qui les décrivent alors sont les témoins de cette trajectoire dynamique. La Révolution Française en donnant à tous à la fois le droit de colombier et le droit de chasse va accélérer la disparition des gros élevages.La manne de nourriture qu'ils peuvent fournir est en partie remplacée en automne par la migration des pigeons ramiers par centaine de milliers le long du Rhône que l'homme saisit dans d'immenses filets qu'il dispose dans les cols. Mais cette pratique cynégétique ne tarde pas à être interdite par les différentes lois qui se succèdent et qui marquent le retour d'une ligne politique réactionnaire : Napoléon, puis Louis Philippe œuvrent malgré eux pour la sauvegarde de Columba Palumbus, le pigeon ramier, la fameuse palombe.Les passionnés de pigeons se reportent sur la colombiculture à travers la création de plus de cent cinquante races nouvelles aux capacités inédites comme celles du pigeon voyageur. Lors du siège de Paris de 1870, ce dernier remplace une technologie plus récente, le télégraphe, rendu inopérant par l'ennemi. Dès lors, la colombophilie va être la victime consentante d'une Troisième République obnubilée par le revanchisme avec la conséquence que l'on connaît en 1914. Bien que véritablement enrôlés en masse dès 1916 et malgré un tableau de chasse héroïque et récompensés par les plus hautes distinctions militaires, les « voyageurs » se feront plus rares dans l'immédiate après-guerre, les colombiers étant souvent désertés par leurs propriétaires disparus en grand nombre à la guerre.

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